Un défi pour aujourd’hui

Portrait noir et blanc en gros plan d'un jeune homme au style contemporain, éclairage dramatique contrasté, avec une coiffure moderne légèrement ondulée. Le sujet porte un t-shirt noir simple et regarde directement l'objectif avec une expression intense. La photographie artistique met en valeur les ombres et la lumière sur son visage, créant une ambiance cinématographique

Je fixe l’écran, les doigts suspendus au-dessus du clavier. Les mots se bousculent dans ma tête, comme des oiseaux affolés. Comment retranscrire cette histoire millénaire avec des mots d’aujourd’hui ?

Je le vois, ce jeune homme scandaleusement riche, arrogant à la ville. Il a tout, sauf le sens de sa vie. Un vide abyssal le ronge de l’intérieur. C’est alors qu’il entend parler de Jésus, ce vagabond qui prêche l’amour et le pardon. Fasciné malgré lui, il décide d’aller le trouver.

Il s’approche, le cœur battant. Avec l’arrogance des nantis qui croient que tout s’achète, il demande : « Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? » Jésus le regarde. Son regard transperce les apparences, atteint l’âme. L’évangéliste nous dit que Jésus, posant son regard sur lui, l’aima. Et c’est par amour qu’il lui lance ce défi radical : « Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi. » Un échange surprenant, comme si l’on troquait une villa à Saint-Tropez contre un appartement HLM dans une autre dimension.

Ces mots résonnent à travers les siècles. Dans notre société de consommation effrénée, les réseaux sociaux sont devenus des vitrines où chacun met en scène une vie parfaite, faite de sourires éclatants et de vacances paradisiaques, les publicités envahissantes nous invitent en permanence à consommer toujours plus, à vouloir toujours plus. Les mots prononcés par Jésus sonnent comme un appel à l’essentiel. Il ne demande pas simplement à l’homme riche de se débarrasser de ses biens, il l’invite à le suivre. C’est une invitation à une relation, à une aventure, à une vie différente, à une vie nouvelle.

Ces mots me hantent. Ils me rappellent cet ami, avocat d’affaires, réputé. Un soir, assis sur mon vieux canapé, un verre à la main, il m’a confié : « J’ai tout. Tout ce dont j’ai toujours rêvé. Alors pourquoi est-ce que je me sens si vide ? Si seul en fait… ». Que répondre ? Le bonheur ne s’achète pas. Cette vérité simple, on l’oublie si souvent. On court après des chimères, on accumule des biens, on collectionne les trophées. Mais au fond, qu’est-ce qui compte vraiment ?

Je pense à Georges, le papa d’une amie, un ouvrier à la retraite, qui cultive son petit jardin avec passion. Il n’a pas grand-chose, mais il est riche en amitié, en simplicité, riche d’un sourire lumineux. Il est si fier de partager avec ses amis, les animaux qu’il a délicatement sculptés dans les arbustes qui jalonnent ce jardin des merveilles. Et je me demande si, finalement, le véritable bonheur ne se trouve pas dans les petites choses, dans les moments partagés, dans l’amour donné et reçu.

Lâcher prise. Se défaire de ce qui nous entrave. S’ouvrir à l’autre, au monde. C’est effrayant, c’est vertigineux…

Les mots coulent enfin sur le clavier. Je raconte cette histoire ancienne avec des mots d’aujourd’hui. Je parle de choix, de courage, d’authenticité, de cette quête universelle du bonheur qui nous anime tous. Au fond de moi, une petite voix murmure cette question soigneusement réprimée : « Et toi ? Qu’est-ce qui compte vraiment pour toi ? »

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