Souvenez-vous de ce jour marquant de notre enfance, où une peur viscérale nous avait étreint face à l’immensité du grand bassin. Le moniteur de natation, dans sa sagesse, avait décrété que le moment était venu d’abandonner nos bouées protectrices et de plonger, pour la première fois, dans ces eaux profondes, attirantes et intimidantes.
Une appréhension paralysante nous avait alors envahi, ravivant le souvenir amer des nombreuses « tasses » involontairement avalées. Devant cet abîme liquide, une question cruciale nous taraudait : « Je saute ou je me sauve ? ».
Après d’interminables secondes d’hésitation, un élan de courage inattendu nous avait propulsés. Les yeux clos, le cœur battant, nous nous étions élancés dans cet inconnu à la fois fascinant et redoutable. Les premiers instants avaient été chaotiques, une lutte acharnée contre l’élément aquatique qui semblait vouloir nous engloutir.
C’est alors que la voix rassurante du moniteur s’était élevée depuis le bord du bassin, perçant le tumulte des cris joyeux des autres enfants : « Reste calme, respire, nage, fais-moi confiance, je veille sur toi ». Peu à peu, les leçons patiemment apprises avaient refait surface, nos mouvements étaient devenus plus fluides, et bientôt, nous nagions…
N’est-ce pas là une magnifique allégorie pour illustrer ce saut vertigineux dans l’inconnu qu’est la Foi en Dieu ?
Devenus adultes, combien de fois hésitons-nous encore à nous immerger pleinement dans l’océan de l’amour divin ? Les peurs nous enserrent, les doutes nous assaillent, et nous restons agrippés à nos modestes bouées, nous contentant de mouiller timidement le bout de nos orteils.
La Foi, c’est cette confiance inébranlable qui doit nous porter, même lorsque nous perdons pied. C’est ce courage de s’abandonner à une force supérieure, de se laisser emporter par le courant bienveillant de l’amour divin.
Et quelle joie de découvrir que dans ce vaste bassin qu’est la vie, nous ne sommes pas seuls ! Autour de nous, d’autres nageurs évoluent : certains avec grâce et agilité, d’autres encore hésitants, cherchant leur voie dans ces eaux parfois tumultueuses.
Ne craignons pas de tendre la main à ceux qui peinent au bord, de les encourager d’un sourire bienveillant. Car au fond, plutôt que de nous prélasser passivement sur la plage de l’existence, vivre n’est-ce pas accepter ce grand plongeon, cette aventure exaltante où chaque brasse nous rapproche un peu plus de Dieu et de nos semblables ?
Alors, plongeons ! Immergeons-nous dans la Foi avec enthousiasme et compassion. À l’instar de cet Auvergnat immortalisé par Brassens, offrons à ceux que nous croisons un regard chaleureux, une parole réconfortante. Chaque geste, si modeste soit-il, a le pouvoir de changer le cours d’un destin. C’est ainsi, en nous jetant à l’eau avec confiance et en tendant la main à nos compagnons de nage, que nous transformerons ce grand bain de la vie en une odyssée spirituelle exaltante, portée par la force de l’espérance et la grâce infinie de Dieu.