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Dans les pas de Syméon

Syméon, vieillard pieux, tenant le petit Jésus dans ses bras au temple

En lisant le récit que fait Saint-Luc de la Présentation de Jésus au Temple, alors que je me laissais aller à contempler la scène, l’image de Syméon, ce vieux bonhomme, s’est imposée.

Sa vie touchait à sa fin. Il le savait et là, dans la pénombre rassurante du temple, il veillait… Il attendait. Non pas une lumière abstraite, mais la Lumière elle-même – ce Verbe que Jean nous dit être au commencement, et qui allait se faire chair. Il attendait, comme Israël avait attendu des siècles durant…

Ce jour-là, il l’a vue. Un bébé, un tout petit. Un rien dans l’immensité du monde. Et pourtant, en ce fragile nouveau-né, Syméon a reconnu le monde entier.

Nous sommes tous des Syméon, à notre échelle. Nous sommes comme lui au fond. Des veilleurs qui attendent. Des âmes en pèlerinage, fatiguées mais habitées par une espérance qui nous dépasse.

On se sent hélas parfois désorienté, comme ce jeune homme que l’on voit errer seul dans les rues vidées au soir, semblant se demander quel sens donner à son existence.

Ce silence est oppressant. Le vide nous submerge dans ces moments.

Et puis il y a ces nuits où tout paraît fini. Ces nuits où les tourments nous empêchent de trouver le sommeil, nous éveillent dès l’aube… Ces nuits si épaisses qu’on croirait notre abandon total, comme une barque à la dérive sur une mer sans fin.

Ces traversées du désert, ces nuits de doute et de désespoir ne doivent cependant pas éteindre l’espérance. L’espérance, c’est un combat spirituel, semblable à celui d’un rameur contre le courant. C’est tenir tête à ce qui nous freine, nous arrête, nous écrase parfois, aux doutes, aux peurs, aux blessures du passé. À cette obscurité intérieure qui rampe comme une ombre silencieuse… une ombre que seule la grâce peut vraiment traverser.

Cette lutte entre l’obscurité et la lumière, nous la connaissons bien. Elle habite l’histoire des croyants, comme ces deux disciples, ce soir-là, sur la route d’Emmaüs… Eux aussi, au soir de la Résurrection, marchaient dans l’incompréhension et le découragement. Leurs pas étaient lourds de doutes. Leurs cœurs fermés par le poids de l’échec. Par les illusions brisées. Pourtant, c’est dans cette nuit intérieure que le Christ s’est approché. Il n’a pas jugé leurs doutes ; il les a relevés. Et dans la lumière de sa présence, leurs blessures se sont peu à peu changées en sources d’espérance.

Nous marchons dans leurs pas.

Avec nous, les saints – Faustine et tant d’autres – dont les vies proclament que la misère humaine peut devenir le lieu même de l’éclosion divine mais aussi les bâtisseurs de cathédrales, ces anonymes qui sculptaient dans la pierre non seulement des visages, mais des prières silencieuses. Nous sommes leurs héritiers, mais plus encore : les héritiers du Christ.

Alors marchons. Lentement. En trébuchant. Avec des doutes. Mais en sachant que même nos plus profondes obscurités sont traversées par une lumière qui ne vient pas de nous. Une lumière qui, comme le dit l’Écriture, luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas vaincue.

On ne marche pas seul. Jamais.

Même dans nos nuits les plus profondes, une lumière invisible nous précède, éclaire nos pas tremblants, et nous conduit, doucement, comme Syméon, vers la promesse accomplie. « Jésus, j’ai confiance en Toi ».

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