Prie

Un homme agenouillé en prière dans une église inondée de lumière dorée.

Certains jours, prier, c’est un peu comme écrire. On sait qu’on devrait s’y mettre, qu’il le faut, et pourtant, on résiste.

Alors, sournoisement, l’esprit cherche des échappatoires, s’accroche à des riens, à des urgences factices. On murmure des excuses : « Je n’ai pas le temps », « Je n’ai pas les mots », « Je n’ai rien à demander, ça va », « Pas aujourd’hui ». Et en un instant, c’est déjà loin.

On voudrait croire que ce n’est rien, un simple report, mais l’évidence nous frôle, presque douloureuse : quelque chose en nous se referme. L’appel, lui, continue de vibrer, ténu, obstiné, mais nous plongeons déjà ailleurs, dans l’ombre, dans l’oubli…

…et pourtant, au coeur de cette fuite, Du plus profond de nos poitrines, la même phrase est instillée : « Demandez, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira. »

Mais parfois, on n’a rien à demander. On se dit alors : « À quoi bon prier, si je n’ai rien à dire ? Rien à demander ? »

«Rien à demander ?». Ce point mérite qu’on s’y attarde un instant…

Le monde est il si parfait, nos vies si pleines de sens, nos frères si heureux que nous n’ayons pas besoin de prier ? Nous connaissons la réponse à cette question bien entendu. C’est d’ailleurs le cri de ces âmes en souffrance que nous feignons de ne pas entendre et cherchons à ignorer !

Alors, pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ?

Pourquoi cette résistance, cette fuite, ce silence ?

Pourquoi ce refus de l’appel, cette surdité volontaire ?

Pourquoi cette peur de la prière, cette crainte de l’intime ?

Cela nous effraie, nous, les modernes.

Nous, les suffisants, les autosuffisants.

Nous, qui croyons pouvoir nous passer de Dieu.

Il suffirait d’un geste, d’un mot, d’un soupir.

Il suffirait d’un instant de vérité, de courage.

Il suffirait de dire : « Me voici, Seigneur. »

Et alors, alors seulement, nous découvririons

Que la prière n’est pas un devoir, mais une grâce.

Qu’elle n’est pas une corvée, mais une libération.

Et si nous n’avons rien à demander,

Demandons simplement la grâce de savoir demander.

Demandons la grâce de savoir recevoir.

Car Dieu, lui, ne cesse jamais de donner.

Il ne cesse jamais d’aimer, de pardonner, de relever.

Il ne cesse jamais d’être Dieu, notre Père, notre tout.

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