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Priez pour moi ? Non. Agissez avec moi

Adolescent tenant une pancarte pour sauver la planète, symbole de foi et d’action pour la protection de la Création.

Je m’appelle Théo. Je m’appelle Greta. Je m’appelle comme toi.


J’ai 13 ans, et comme toi, je suis un enfant de Dieu. Mais cela, je ne l’ai pas toujours compris. Pendant longtemps, j’ai détourné les yeux, tenté de fuir cette vérité qui brûlait doucement en moi. Pourtant, certains appels s’imposent, même quand on feint de ne pas les entendre.

Notre monde, ce cadeau de Dieu, nous sommes en train de le détruire. Pas à petit feu, mais à grand feu, si l’on en croit les incendies qui ravagent nos forêts chaque été.

Un matin, tout est devenu clair : je devais agir. Ce monde, ce paradis terrestre confié par Dieu, meurt sous nos yeux. Si je ne fais rien, si nous ne faisons rien, il disparaîtra.

Depuis ce jour, mon corps d’adolescent – maladroit, marqué par l’acné, encore en construction – est devenu autre chose. Peut-être un réceptacle. Une lanterne fragile portant une vérité qui me dépasse. Une vérité qui me réveille la nuit, transformant mes insomnies en prières.

Dieu a toujours choisi des messagers improbables. Des pêcheurs pour devenir apôtres, et aujourd’hui des adolescents en sweat à capuche et baskets trouées. Moi. Et d’autres comme moi.

Beaucoup ne comprennent pas. Certains ricanent ou détournent les yeux. Mais d’autres commencent à marcher à mes côtés. Nous sommes une poignée, un groupe disparate. Certains viennent de l’aumônerie, d’autres n’ont jamais mis les pieds dans une église. Mais tous ressentent cette urgence. Ensemble, nous formons une petite communauté.

Pas parfaite, souvent désordonnée, mais portée par une même foi : il faut sauver la Création.

Nous ne prêchons pas dans une église. Nous témoignons devant les supermarchés, sur les places, dans la rue. Nos tracts sont nos psaumes modernes. Chaque chiffre inscrit, chaque mot prononcé devient une prière adressée au monde. Nous voulons dire l’essentiel : si nous continuons ainsi, il n’y aura plus de forêts, plus de rivières, plus de terres habitables.

Parfois, la colère prend le dessus. Il m’arrive de bloquer des routes, de m’enchaîner aux grilles de mon collège, protégé par mes amis, de hurler ma rage face à des adultes en costards-cravates qui détournent les yeux. La police arrive, je finis au commissariat. Les journaux locaux me qualifient de perturbateur. Mes parents baissent la tête, épuisés.

Mais je sais. Porter une vérité dérangeante, c’est marcher sur un chemin solitaire.

Il y a pourtant des regards qui m’aident à tenir. Celui de Mme Hélène, par exemple. Une professeure discrète, mais dont les yeux disent qu’elle sait. Un jour, elle m’a tendu une copie de Laudato Si’. Une phrase y était soulignée :

« Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier. Les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. »

Depuis, je continue. Chaque affiche, chaque manifestation, chaque cri lancé à l’indifférence est une offrande. Une manière d’aimer Dieu et le monde qu’Il nous a confié.

Je m’appelle Théo. J’ai 13 ans, et je porte un feu en moi. Il consume, il éclaire, il m’appelle à agir.

Je ne récite pas de prières apprises. Je récite des statistiques sur le réchauffement climatique. Je ne parle pas de paradis céleste. Je parle de notre Terre, ce paradis confié par Dieu et que nous détruisons.

Et même cela, ils ne le comprennent pas.

Alors, priez pour moi ? Non. Agissez avec moi.

inspiré par Mt 10, 17-22 : https://www.aelf.org/2024-12-26/romain/messe

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